L’église Saint-Jean-Baptiste d’Arras est un édifice emblématique qui porte en lui une riche histoire, faite de destructions et de renaissances. Située en plein cœur de la ville, cette église, avec son architecture néo-gothique flamboyante, attire les visiteurs autant pour son histoire que pour sa beauté architecturale. Revenons sur les grandes étapes qui ont marqué l’existence de ce lieu de culte exceptionnel.
Une église Saint Jean-Baptiste au passé mouvementé
L’histoire de l’église Saint-Jean-Baptiste commence au XVIème siècle, lorsque l’église Saint-Nicolas-des-Fossés est érigée sur ce site en 1524. Dédiée à Saint Nicolas à l’origine, elle occupe un emplacement stratégique près des remparts de la ville. Avec la Révolution française, l’église connaît un destin particulier : elle est transformée en Temple de la Raison, une affectation qui la sauvera de la destruction, contrairement à de nombreux autres édifices religieux de l’époque.
En 1803, elle change de vocable pour devenir l’église Saint-Jean-Baptiste. À cette époque, elle sert de cathédrale provisoire pour remplacer la cathédrale de l’abbaye Saint-Vaast, détruite pendant la Révolution. Ce rôle temporaire perdure jusqu’en 1833, date à laquelle les travaux de la nouvelle cathédrale d’Arras sont achevés. Saint-Jean-Baptiste perd alors son statut de cathédrale, mais continue d’être un lieu de culte actif.
Les destructions de la Première Guerre mondiale et la renaissance de l’église
En 1915, l’église est sévèrement touchée par les bombardements de la Première Guerre mondiale. Durant ces tragiques événements, deux courageux pompiers, Wacquez et Glasson, perdent la vie en luttant contre les flammes qui ravagent l’édifice. La rue où se situe l’église porte aujourd’hui leur nom en hommage à leur sacrifice. Après la guerre, la nécessité de reconstruire l’église s’impose. Les travaux de reconstruction débutent dans les années 1920 sous la direction des architectes Mazet et Mulard, et l’église est finalement bénite en 1927.
La nouvelle église adopte un style néo-gothique flamboyant, avec des éléments architecturaux qui rappellent le gothique anglais, notamment dans la forme des lancettes de la baie occidentale. Construite en briques et béton, et recouverte de pierres, l’église présente un clocher latéral abritant quatre cloches assez haut, faisant écho d’ailleurs au Beffroi. À l’entrée, un imposant porche accueille les visiteurs, surmonté d’une statue de Saint Jean-Baptiste, le saint patron de l’église, placée dans le tympan.
Intérieur de l’église Saint-Jean-Baptiste
Un patrimoine artistique remarquable
L’église Saint-Jean-Baptiste d’Arras n’est pas seulement remarquable pour son architecture, mais également pour son patrimoine artistique. Parmi les œuvres notables, on trouve une célèbre « Descente de Croix » de Rubens datant du début du XVIIème siècle. Cette toile, autrefois conservée dans l’ancienne cathédrale, est désormais exposée dans l’église, rappelant le riche passé culturel de la ville. Près de cette œuvre se trouve un groupe sculpté représentant le baptême du Christ, datant du milieu du XIXème siècle, ainsi que d’autres éléments de mobilier anciens.
La chapelle nord abrite un retable du XVIIème siècle, orné de colonnettes torsadées et surmonté de la statue de Notre-Dame des Ardents, une sculpture datant du XIVème siècle. Ce retable provient de la chapelle des Ardents, qui se trouvait sur l’actuelle Place des Héros avant d’être démolie en 1792. L’ensemble a été transféré à Saint-Nicolas-des-Fossés en 1802, un an avant que l’église prenne le vocable de Saint-Jean-Baptiste.
Les vitraux de l’église, réalisés pour certains dans l’entre-deux-guerres, contribuent également au charme du lieu. On y retrouve des scènes religieuses telles que l’Assomption, la mort de Saint Joseph, et la prédication de Saint Jean-Baptiste dans le désert. Ces œuvres d’art, associées à d’autres vitraux réalisés après la Seconde Guerre mondiale, enrichissent l’atmosphère intérieure de l’édifice, créant un espace propice à la méditation et au recueillement.
La descente de Croix de Rubens
Une église au cœur de la vie arrageoise
Aujourd’hui, l’église Saint-Jean-Baptiste continue de jouer un rôle central dans la vie spirituelle et culturelle de la ville. Située dans une rue piétonne animée, elle est facilement accessible aux habitants et aux visiteurs. L’église fait partie de la paroisse Notre-Dame-en-Cité, qui couvre le centre-ville d’Arras. Les offices religieux y sont célébrés régulièrement, et de nombreux fidèles viennent s’y recueillir chaque semaine. Que ce soit pour une visite culturelle ou pour un moment de prière, l’église Saint-Jean-Baptiste reste un lieu incontournable à découvrir lors d’une promenade à Arras.
L’église Saint-Jean-Baptiste, avec son histoire mouvementée et son patrimoine artistique, témoigne de la résilience d’Arras à travers les siècles. Elle incarne le mélange unique de tradition et de renouveau qui caractérise la ville, tout en offrant un lieu de quiétude et de beauté au cœur du centre-ville. Une visite à Saint-Jean-Baptiste, c’est plonger dans l’histoire d’Arras et découvrir un pan important de son patrimoine culturel.
Localisation : A proximité de la place des héros et des rues commerçantes :
Pour aller plus loin et conclure : Qui était Saint Jean-Baptiste ?
Saint Jean-Baptiste est une figure centrale du christianisme, connu pour être le précurseur de Jésus-Christ. Il est considéré comme le dernier des prophètes de l’Ancien Testament et le premier saint du Nouveau Testament. Né de Zacharie et d’Élisabeth, qui était parente de la Vierge Marie, Jean-Baptiste est mentionné dans les Évangiles comme celui qui a préparé le peuple à la venue du Christ. Sa mission principale était d’appeler les hommes à la repentance et de les baptiser dans le Jourdain, d’où le nom de « Jean le Baptiste ».
Le baptême pratiqué par Jean avait une signification symbolique de purification et de renouveau spirituel. Il prêchait dans le désert de Judée, attirant de nombreux fidèles qui venaient entendre ses paroles et se faire baptiser en signe de conversion. Jean-Baptiste est également célèbre pour avoir reconnu Jésus comme le « Messie » lorsqu’il l’a vu venir à lui pour être baptisé. Selon les Évangiles, c’est à ce moment-là que l’Esprit Saint est descendu sur Jésus sous la forme d’une colombe, et que la voix de Dieu a été entendue, affirmant Jésus comme son fils bien-aimé.
La fin de la vie de Jean-Baptiste est tragique. Il est emprisonné par le roi Hérode Antipas pour avoir dénoncé publiquement le mariage illégitime du roi avec Hérodiade, l’épouse de son frère. Sur demande d’Hérodiade, et à la suite de la danse de sa fille Salomé, Hérode ordonne la décapitation de Jean-Baptiste. Cet événement, connu sous le nom de la décollation de Saint Jean-Baptiste, a marqué les esprits et a été largement représenté dans l’art religieux à travers les siècles.
Saint Jean-Baptiste est vénéré par de nombreuses confessions chrétiennes et est le saint patron de nombreux lieux, églises et ordres religieux. Dans l’art, il est souvent représenté vêtu de peaux de bête, tenant une croix en roseau ou un agneau, symboles de son rôle de précurseur annonçant l’Agneau de Dieu. Sa figure inspire encore aujourd’hui les fidèles, et son message de repentir et de conversion demeure un appel intemporel à la spiritualité et à la foi.
R.C.
