Avec l’intégration d’Arras au Royaume de France et les guerres entraînées à l’époque, nous avions vu que le début du XVIIIème Siècle avait été marqué par la faim des habitants (en particulier vers 109-1711). Cependant, le siècle des Lumières permet également de remarquer une baisse de la mortalité enfantine. Toutefois, ici et là, les crises alimentaires demeurent et des crises démographiques subsistent encore dans ce « nouveau siècle des idées » (on pense à 1740 en priorité) avec des épidémies liées à l’eau et des problèmes pulmonaires durant l’hiver. Ces évolutions démographiques éparses font tout de même grandir la population pendant un siècle mais des villes comme Lille se développent bien plus à la même époque. Zoom sur une ville d’Arras en contrastes et le XVIIIème Siècle.
La ville d’Arras se modernise
La ville et la cité d’Arras sont deux zones diamétralement opposées durant le 17ème Siècle. Si la ville est constituée de nombreux habitants, la cité est très marquée par un environnement de parcs et jardins (du fait de l’évêché, du séminaire, des Clarisses, des Brigittines, etc.). En 1749, la cité est rattachée à la ville et la bourgeoisie arrageoise commence alors à construire des ensembles classiques sur cette zone nouvellement intégrée.
Il s’agit de la basse ville, dont on observe aujourd’hui l’architecture classique, est complètement rénovée. C’est à cette époque que l’échevinage, soutenu par l’intendant Caumartin, crée le quadrilatère de six hectares entre l’Esplanade, les casernes Schramm (photo à la une), le rempart médiéval de la ville (Rue Aristide Briand aujourd’hui) et la citadelle. On y retrouve l’hôtel de Beauffort (voir notre article sur la maison Robespierre) ainsi que la place Victor Hugo et ancienne « place de la basse ville ».
A la même époque, le Crinchon est détourné pour permettre les constructions. Il s’agit d’un projet mené à partir de 1751 qui permit de rehausser le terrain. Les hôtels particuliers fleurissent. Il en est de même dans la ville avec l’hôtel de Guînes ou encore l’hôtel Dubois de Fosseux que l’on peut encore admirer ci-dessous :
Clergé et bourgeoisie au XVIIIème Siècle
Considérée comme la ville aux « cent clochers », Arras a une forte tradition religieuse et le XVIIIème Siècle en témoigne comme les siècles passé (Abbaye St Vaast, églises paroissiales, monastères). La cité 2piscopale a encore son poids dans les décisions de travaux entrepris et l’évêque d’Arras a un magistère spirituel sur 400 paroisses qui ne peut toutefois se comparer en puissance avec celui de Cambrai. Monseigneur de Conzié va ainsi reconstruire le palais épiscopal et faire d’autres travaux comme la création des sœurs de la Charité et du séminaire rue de Baudimont.
En 1750, il existe à Arras sept monastères d’hommes et onze couvents de femmes.
Les nobles sont également nombreux puisque l’on dénombre cinquante familles en tout possédant une demeure dans la ville. Cette réalité est en partie justifiée par l’exercice des États d’Artois et l’exercice de fonctions judiciaires et politiques. A côté d’eux, la bourgeoisie se développe fortement en raison du caractère particulier de celle-ci qui est de nature juridique : Un bourgeois arrageois échappe à un droit de succession sur l’héritage d’un autre bourgeois d’Arras. Il s’agit pour beaucoup de personnes de robes ; Les avocats sont nombreux dans la ville en raison des juridictions. Les avocats sont ainsi très visibles à l’Académie, à l’échevinage, aux États d’Artois ou encore aux Rosati (une société littéraire d’Arras fondée le 12 juin 1778). Robespierre lui-même fut remarqué lors d’une affaire au Conseil d’Artois en 1781 : L’affaire du paratonnerre de l’Audomarois M. de Vissery.
La place du peuple arrageois et des marchands
Les modestes sont nombreux à Arras au XVIIIème Siècle. Les ouvriers, les commis et dentellières étaient plutôt présents dans le quartier Méaulens-Saint-Géry. Le cœur de la population était bien l’actuelle Méaulens. Entre 1770 et 1790, on voit une population s’appauvrir constamment et le vagabondage comme la prostitution explosent dans la ville. Aucun hôpital général n’est ouvert à Arras à l’époque et de plus en plus d’orphelins sont confiés à la Bourse commune des pauvres.
Enfin, marchands et artisans forment le plus gros du contingent démographique. Arras, sur ce point, a d’ailleurs plusieurs marchés importants et rues de boutiques diverses, comme :
- Le Grand Marché et le Petit Marché ;
- La place du marché-au-Poisson qui est aujourd’hui la place du théâtre ;
- L’axe du Pont-de-Cité-porte-Ronville ;
- La rue Saint-Géry ;
- L’axe Sainte-Croix-porte-Méaulens ;
- La place du Rivage dans la vieille ville.
La présence des Compagnons est également le signe d’une tradition artisanale au milieu des grands marchands de lin, de draps, de laine, d’huile, de charbon, de chevaux, de brasseurs et de satineurs.
X.D.