L’influence espagnole encore visible sur les places à Arras de nos jours aura vécue avec l’affrontement entre la France et l’Espagne. Si la souveraineté espagnole a bien eu lieu avant 1640, Arras et plus généralement l’Artois reviennent en ce 17ème Siècle au Royaume de France. Zoom sur cette période historique de reconquête qui se fit sous la misère et la peste (on pense ici à l’épidémie de 1635).
La Guerre entre la France et l’Espagne et le siège d’Arras
En juillet 1635, commença une guerre qui va durer entre l’Espagne et la France. Le 15 août 1636, Corbie (aujourd’hui dans le département de la Somme) tomba aux mains des espagnols sous l’impulsion de Don Ferdinand qui n’était autre que le frère du roi d’Espagne Philippe IV. Cependant, la réponse française s’organisa et pendant quatre années, la campagne artésienne fut labourée de troupes militaires diverses qui entraînèrent des déplacements de populations.
Le très célèbre siège d’Arras raconté par Edmond Rostand dans Cyrano de Bergerac où le Comte d’Artagnan intervint en tant que cadet au régiment des Gardes Françaises, commença le 13 juin 1640. La ville d’Arras fut encerclée par près de 30000 hommes et une ligne de front de vingt kilomètres. Si les espagnols résistent en tenant la ville avec une garnison de 1500 soldats professionnels venus d’Allemagne, d’Irlande, de Wallonie ou encore d’Italie mais aussi environ 500 cavaliers essentiellement croates, l’armée française mobilisée est aussi soutenue par une autre armée de réserve sous le commandement de Louis XIII lui-même et basée à Amiens. Nous sommes à l’époque des mousquetaires.
Résistant ardemment, les assiégés n’hésitent pas à sacrifier les églises et monastères de la banlieue de la ville mais craquent le 6 août au bastion de Saint-Nicolas. La capitulation des assiégés d’Arras a lieu le 9 août 1640 à Blangy.
Arras et les suites de la reprises par le Royaume de France
La reprise d’Arras par les troupes royales françaises n’est pas sans conséquences. En échange de la fidélité à Louis XIII, gardent la possibilité de protéger leurs biens, dignités et franchises ; L’administration à Arras est maintenue. Si la population reprit ses activités, beaucoup de religieux, et notamment une quarantaine des moines de Saint-Vaast prirent leurs bagages.
De même, les membres du Conseil d’Artois dans leur ensemble partirent de la ville tout comme certains membres des États d’Artois et le procureur de l’échevinage d’Arras (l’échevinage est un système d’organisation judiciaire fonctionnant en une juridiction composée simultanément de juges dits professionnels et de juges dits non professionnels).
Capitale de l’Artois reconquise, Arras devint à partir de cette date jusqu’en 1678 une sorte de nouveau régime local. Tenue par le gouverneur de Montdejeux, la ville a une garnison française mais se retrouve à nouveau assiégée par les espagnols. Il faut attendre la victoire de Turenne en 1654 et le 4 juin 1659 avec la paix des Pyrénées pour que l’Artois soit définitivement conquis au Royaume de France.
Arras, une place militaire forte au 17ème Siècle
Passage du Royaume de France à la Flandre, Arras dispose d’une position géographique importante pour les belligérants de l’époque. C’est la raison pour laquelle, sous Louis XIV, futé édifiée la Citadelle par Vauban, sur ordre du Roi et de Louvois. Pouvant abriter 1500 homme à l’époque, les casernes du quartier Schramm (Grand Quartier de l’époque) réalisées ne 1680 avaient une capacité de près de 3500 hommes et 1300 chevaux. Le statut stratégique de la ville devint moins réel à partir du 18ème Siècle, plus éloignée alors des frontières et faisant plutôt office de second rideau.
Le fait est toutefois que le siècle des guerres entama largement la situation économique et sociale de la ville durant le 17ème Siècle et le début du XIIIème Siècle. Si la natalité est plus forte que la mortalité à l’époque, les crises de subsistances de fin de siècle et le Grand Hiver (1692-1693) mais surtout 1709-1711 constituèrent une source de misère supplémentaire qui plongea la ville dans la crise alimentaire.
X.D.