Alcide Guy Mollet, né le 31 décembre 1905 à Flers (Orne) et mort le 3 octobre 1975 à Paris, est un homme d’État français. Pupille de la Nation, il adhère à la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1923 et devient professeur d’anglais. Après la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans la Résistance et participe activement aux combats de la Libération.
Ses débuts en politique dans le Pas-de-Calais
Élu maire et conseiller général d’Arras en 1945, Guy Mollet est un homme politique français qui a joué un rôle important dans la vie politique du pays tout au long de la IVe République. En 1946, il est élu député du Pas-de-Calais et accède à la tête de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en tant que secrétaire général, un poste qu’il occupera jusqu’en 1969.
Guy Mollet a été un acteur clé de la politique française durant la IVe République, participant activement à la mise en place de plusieurs gouvernements et occupant des postes ministériels stratégiques. Parmi ses fonctions les plus marquantes, on peut citer celle de ministre d’État chargé des Affaires européennes. À ce poste, il a œuvré pour renforcer la coopération entre les pays européens et promouvoir l’intégration européenne, notamment en soutenant la création de la Communauté européenne de défense (CED), bien que ce projet ait finalement été abandonné en 1954.
En tant que secrétaire général de la SFIO, Guy Mollet a cherché à moderniser et à renforcer le parti socialiste, en mettant l’accent sur des questions telles que la réforme économique et sociale, la démocratisation et la construction européenne. Sous sa direction, la SFIO est devenue un acteur politique central, capable de peser dans les décisions gouvernementales et de participer à différentes coalitions.
Outre son poste de ministre d’État chargé des Affaires européennes, Guy Mollet a occupé d’autres fonctions ministérielles importantes au sein de différents gouvernements. Il a notamment été vice-président du Conseil dans le cabinet Queuille (mars-juillet 1951), contribuant ainsi à la stabilité et à la cohérence des politiques mises en œuvre par les gouvernements de l’époque.
Guy Mollet à Arras et dans le Pas-de-Calais
Les conseils généraux de la Troisième République, dont les derniers membres ont été élus en 1934 et 1937, ont été suspendus par l’État français en octobre 1940. Suite à la Libération, le gouvernement décide de renouveler entièrement ces conseils et organise des élections les 23 et 30 septembre 1945. Avant la guerre, la majorité politique dans le Pas-de-Calais appartenait aux républicains de gauche, c’est-à-dire à la droite modérée, qui disparaissent presque en 1945. Les principales forces politiques en lice sont alors le Mouvement républicain populaire (MRP), la SFIO et le Parti communiste. Sur les 158 candidats, 53 % ont activement participé à la Résistance, dont trois femmes (deux socialistes et une communiste). Entre les deux tours, un accord de désistement est conclu entre communistes, socialistes et radicaux, excluant le MRP qui appelle ses électeurs à voter pour les socialistes si nécessaire. Les élections donnent lieu à un renouvellement complet du paysage politique et à une victoire éclatante de la gauche, avec notamment 22 élus SFIO.
Suite à cette victoire, Guy Mollet est élu président du conseil général avec 42 voix sur 46 votants lors de la séance du 29 octobre 1945. Cette élection a lieu quelques mois après qu’il est devenu maire d’Arras et député socialiste à l’Assemblée nationale.
Dans son discours inaugural, Guy Mollet évoque les difficultés récentes de la France et rend hommage aux héros tombés pour la patrie durant la Seconde Guerre Mondiale. Il souhaite également tourner résolument vers l’avenir et participer à l’écriture de cette nouvelle page d’histoire. Le défi est immense, car le département a été durement touché par la guerre. La pénurie alimentaire persiste, les destructions matérielles sont considérables et le redémarrage économique national repose en grande partie sur l’exploitation du charbon, exigeant des mineurs des efforts considérables et souvent au détriment de leur santé.
En 1946, Guy Mollet cède la présidence du Conseil général à Louis le Sénéchal et devient un membre actif de la deuxième Constituante.
Guy Mollet a ainsi été maire d’Arras pendant une longue période, du 5 mai 1945 au 3 octobre 1975. Il a exercé cette fonction pendant 30 ans, 4 mois et 18 jours, ce qui témoigne de son engagement pour la ville et sa présence marquante dans la vie politique locale.
Avant que Guy Mollet ne devienne maire d’Arras, René Méric occupait ce poste. René Méric était lui aussi un homme politique français membre de la SFIO, qui avait notamment été résistant durant la Seconde Guerre mondiale en couvrant notamment les activités clandestines. Après la longue période pendant laquelle Guy Mollet a été maire, Léon Fatous lui a succédé jusqu’en 1995.
Guy Mollet, Président du Conseil
En 1956, Guy Mollet devient président du Conseil des ministres, un poste qu’il occupe jusqu’en 1957. Durant cette période, il est critiqué pour sa gestion de la guerre d’Algérie et de la crise du canal de Suez. Confronté à l’impossibilité de réunir une majorité parlementaire sur une ligne libérale en Algérie, il mène une politique répressive et refuse toute solution négociée avant la conclusion d’un cessez-le-feu, ce qui historiquement l’oppose au Général De Gaulle.
Entre octobre et novembre 1956, Guy Mollet associe la France à la Grande-Bretagne et à Israël contre l’Égypte lors de l’expédition consécutive à la nationalisation de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez par Nasser. Cette manœuvre fut un échec retentissant, du fait de l’opposition de l’URSS, puis des États-Unis.
Sa fin de carrière
Après la chute de son gouvernement en 1957, Guy Mollet se rallie au général de Gaulle en 1958 et participe à la rédaction de la nouvelle Constitution. Toutefois, il retourne rapidement dans l’opposition, estimant que la pratique de la Constitution restreint beaucoup trop les droits du Parlement et les libertés publiques.
En 1969, Guy Mollet devient membre du nouveau Parti socialiste (PS) et se consacre dès lors à des travaux théoriques, dans le cadre de l’Office universitaire de recherche socialiste (OURS), qu’il a créé et où ses archives sont conservées. Il meurt d’une crise cardiaque en 1975 et est enterré avec son épouse au cimetière d’Arras. Il fait également partie des personnalités historiques que l’on cite en parlant d’Arras comme De Gaulle, Robespierre ou même encore Adam de La Halle.
Une place a son nom, celle de la mairie et du centre administratif
La Place Guy-Mollet se situe dans le centre d’Arras, à proximité de l’Hôtel de Ville et du centre administratif. Cet emplacement symbolise l’engagement de Guy Mollet en tant que maire d’Arras pendant plus de 30 ans et son rôle dans le développement de la ville :
Un lycée a également son nom
Situé à Arras, le lycée Guy Mollet est aussi bien connu du petit monde arrageois. Celui-ci est à proximité de la gare, à seulement 15 minutes à pied, et se trouve à 5 kilomètres de l’entrée de l’autoroute. De plus, il est desservi par les transports en commun, ce qui le rend facilement accessible.
Le lycée Guy Mollet a été construit en 1967, du vivant du député-maire donc, et sa structure aérée en forme de campus, caractéristique de l’époque, ainsi que son environnement verdoyant, offrent une atmosphère paisible à l’établissement.
R.C.