La place du Wetz d’Amain, située près du square Saint-Jean, est aujourd’hui un lieu de vie et de passage important à Arras, mais elle a un riche passé historique. Autrefois, cette place abritait un moulin et un grand abreuvoir alimenté par le Crinchon. Ce ruisseau, qui traversait la ville, a été comblé en 1812, transformant progressivement la place pour accueillir d’autres fonctions.
Aujourd’hui, on peut encore trouver des traces de ce passé. Le refuge du Mont-Saint-Éloi, datant du XVIème siècle, est un exemple de ces vestiges. Il servait autrefois de repli pour les membres de l’abbaye du Mont-Saint-Éloi en cas de conflit. À proximité, le square Saint-Jean tire son nom de l’hôpital Saint-Jean, fondé en 1178 et malheureusement démoli dans les années 1960. Au centre de la place, une statue érigée en 1896 en l’honneur du Père Halluin rappelle le rôle de ce bienfaiteur, à qui la région doit de nombreux orphelinats. La statue a traversé les deux Guerres mondiales sans être détruite, devenant un symbole de résilience.
Quelle est l’origine du nom « Wetz d’Amain » ?
Le nom de la place du Wetz d’Amain intrigue et suscite souvent des questions. Deux explications sont généralement avancées pour en comprendre l’origine. La première se base sur l’ancien dialecte artésien, où le mot « Wetz » proviendrait du verbe « wetier », signifiant « regarder » ou « guetter ». Cette hypothèse pourrait renvoyer à une période où l’endroit jouait un rôle stratégique pour la ville d’Arras. En effet, au XIIIe siècle, non loin de la place, se dressait le refuge Saint-Éloy, véritable forteresse qui s’adossait aux remparts séparant la ville de la cité.
Ce lieu de repli servait à protéger les membres de l’abbaye du Mont-Saint-Éloi en cas de conflit. C’est également ici que la famille de Chaulnes, originaire du Santerre, a joué un rôle important. Au début du XVe siècle, leur influence s’étendait sur une grande partie d’Arras, depuis la porte de la cité jusqu’au moulin du Wetz d’Amain. L’utilisation du mot « wetz » suggère donc une fonction de vigilance et de surveillance, ce qui correspond bien à l’esprit défensif de l’époque.
La seconde explication est plus ancrée dans une tradition locale. Une ordonnance datant de 1375 fait mention de cet endroit sous le nom du « gué de Dame Emma Crespin ». La contraction de ce nom en dialecte artésien aurait progressivement évolué pour devenir « Wetz d’Amain ». Ce nom ferait donc référence à une femme, Dame Emma Crespin, et à un passage ou un gué qu’elle aurait possédé ou marqué de sa présence. Cette version rappelle l’importance des chemins et des lieux de passage au Moyen Âge, ainsi que l’empreinte laissée par les familles influentes de la région.
Qu’il s’agisse d’une référence à une fonction de surveillance ou à un lieu associé à une figure locale, le nom de la place du Wetz d’Amain témoigne de l’histoire complexe et riche d’Arras.
Le square Saint-Jean avec les deux tours à l’arrière
Que trouve-t-on autour de la place du Wetz d’Amain ?
.La place du Wetz d’Amain est entourée de lieux un peu moins touristiques qu’ailleurs mais qui racontent tout de même l’histoire et l’évolution d’Arras. À proximité, le square Saint-Jean, autrefois se trouvait là le site de l’hôpital Saint-Jean fondé en 1178, qui a été transformé au fil du temps puis qui a disparu. Les deux tours modernes qui s’élèvent aujourd’hui construites au XXème siècle donnent une touche très urbaine à ce coin de la ville (et surtout beaucoup de hauteur puisqu’elles contiennent chacune 18 étages pour une altitude de 54,6 mètres. Elles abritent des appartements « en nid d’aigle » et témoignent du renouveau architectural d’Arras au cours des dernières décennies. Le square Saint-Jean reste par ailleurs un lieu de promenade et de passage fréquenté, entre la Cité et la Ville.
Sa localisation, le long de la rue Saint-Aubert :
Un peu plus loin, on trouve la fameuse fontaine de Neptune verte, appelée officiellement « fontaine du Pont-de-Cité ». Elle est située à l’angle des rues du 29-Juillet et Saint-Aubert. Érigée entre 1864 et 1865, la fontaine est l’œuvre de l’architecte François Constant Bourgois. La sculpture qui la décore, nommée « Fleuve », a été réalisée par Vital-Dubray et fondue à la fonderie Ducel à Pocé-sur-Cisse. Cette fontaine, inscrite comme monument historique depuis 1988, est un repère géographique utile pour les arrageoises et arrageois qui cherchent leur chemin.
Dans les rues avoisinantes, la rue des Agaches permet de se rendre vers l’Abbaye Saint-Vaast et la cathédrale. La rue du Général Barbot, quant à elle, permet de se rendre vers la cité ; On y trouve l’escape game que nous avons déjà évoqué, pour les amateurs d’aventures ludiques. C’est également dans cette rue que se trouve la Croix-Rouge, qui œuvre pour la solidarité au sein de la communauté. À proximité, la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) d’Arras est un symbole du dynamisme économique local. Installée dans un édifice élégant, la CCI occupe une place centrale dans le développement des entreprises de la région. Ainsi, la place du Wetz d’Amain est entourée d’une mosaïque de lieux, combinant histoire, vie urbaine et activité économique, contribuant à l’identité unique d’Arras.
R.C.
